Selon les datations épigraphiées sur les façades de la grande mosquée, la médina de Sfax est fondée en 849, selon les ordres de l’émir aghlabide de Kairouan, Aboul Abbas Ier, par Ali Ibn Salem, nommé cadi de Sfax par l’imam Sahnoun1, alors qu’elle n’était qu’une simple forteresse (ribat). 

 C’était une petite agglomération entourée des remparts formant ainsi un rectangle d’une superficie de 24 ha et au centre duquel s’installe la grande mosquée. Au début du XVIIème siècle la ville commence à se développer sur les plans urbains social et économique et des villages aux alentours sont nées comme Jebeniana,Mahres ,Agareb,Kerkennah …

Époque fatimide

*Avec la chute de la majorité de l’État aghlabide aux mains des Fatimides, Sfax subit sa première crise depuis sa création, quand elle est attaquée parmi d’autres en 914 par le souverain de Sicile, Ahmed bin Gharb, qui soutient les Abbassides (comme les Aghlabides auparavant) en essayant de récupérer les villes de la côte africaine tenues par les Fatimides. Ce conflit se termine par la victoire de l’armée sicilienne et la destruction de la ville pour punir ses habitants, même si les Fatimides reprennent rapidement le contrôle de la ville par la suite

Époque ziride

*L’année 988, mentionnée dans une inscription gravée sur la façade principale de la grande mosquée, témoigne que l’édifice bénéficia d’une campagne de restauration ordonnée par le deuxième Emir ziride el Mansour, qui gouvernait pour le compte de son suzerain fatimide installé au Caire.

*Au milieu du Xeme siècle, l’Ifriqya ziride redevint pour un temps autonome en se détachant de la tutelle orientale des Fatimides. Ceux-ci, pour se venger, lâchèrent sur le pays les terribles tribus des Beni Hilal.

*Mancour el Berghwati, gouverneur de Sfax, profita des circonstances pour se déclarer indépendant. Hammou ben Melil, son cousin, lui succéda, après l’avoir fait mourir dans son bain. Une inscription sur la façade orientale atteste des travaux importants à la grande mosquée en 1085.

*Deux produits font la fortune de Sfax en ce temps de prospérité: l’huile d’olive qu’on expédie en Egypte, au Maghreb, en Sicile et en Italie, ainsi que ses draps qui sont foulés et apprêtés selon des procédés empruntés à Alexandrie.

*En 1099, la ville retomba sous l’autorité ziride . La première moitié du XIème siècle est marquée par l’intervention des Normands de Sicile en (1146-48). C’est dans cet état de désordre que la conquête almohade surprit l’Ifriqiya.

Époque almohade

* A Sfax, le cheikh Omar ben Ali el Hassan al Ferriyani, qui avait réussi à chasser les Normands, reconnaissant l’obédience almohade, demeura en fonction. En 1203, intermède almoravide en Ifriqiya: Yahya ibn Ghaniya el Mayorqui s’établit à Gabès et enlève aux Almohades plusieurs grands centres urbains dont Sfax.

* Trois ans plus tard, la ville était reprise par les armées du calife En-Nacir, qui, avant de regagner Marrakech, décidait de confier le gouvernement de l’Ifriqiya à l’un de ses fidèles lieutenants. Mais le fils et successeur de ce dernier saisit le premier prétexte venu pour s’affranchir de la suzeraineté almohade : la dynastie hafside était née (1229).

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Époque hafside

*La fin du XII eme siècle voit le pays s’affaiblir sous les coups conjugués des chrétiens et des nomades. Sfax est privée de ses pâturages à la suite de la prise des îles Kerkennah par la flotte sicilienne et aragonaise de Roger de Loria (1287).

*Abou Yahya Abou Bekr rétablit enfin l’unité hafside et reprend Kerkennah aux chrétiens en1335. La paix rendue au pays ne fut troublée que par de rares épisodes dont le plus durable débuta avec la prise de Sfax par les frères dissidents, Ahmed et’ Abdelmalèk ben Makki.

*Vers 1370, à l’avènement du calife Abul-Abbas, artisan de la restauration du pouvoir central, Sfax retourna sous l’autorité  hafside.

*Après plus de trois siècles qui avaient vu se maintenir la prépondérance des Hafsides, le choc entre les Turcs et les Espagnols allaient précipiter la chute de leur dynastie. En 1534, le corsaire Barberousse entre dans Tunis, proclame la déclin des Hafsides et rallie sans effort les villes de la côte et parmi elles, Sfax.

*Moins d’un plus tard, Charles-Quint s’empare à son tour de la capitale ifriqiyyenne et restaure Moulay Hassan sur son trône. Il faudra l’intervention de Doria pour rendre Sfax aux Hafsides. Mais en 1549, la ville se donne au corsaire Dragut qui en fait une de ses bases.

*A cette époque, Léon l’Africain affirme que Sfax est réduite à trois ou quatre cents feux et ne compte plus qu’un faible nombre de boutiques.

*Les Espagnols quittent définitivement la Tunisie en 1573. A partir de ce moment, Sfax connaît une période difficile, comme l’attestent deux inscriptions, datées respectivement de 1619 et de 1646, qui témoignent des reconstructions successives de Bab Diwan, porte fortifiée. Il faut attendre le XVIII eme siècle pour retrouver en Tunisie une stabilité politique et un pouvoir pratiquement héréditaire.

Époque Husseinites

*Le fondateur de la nouvelle dynastie, Hussein, donna au pays une incontestable prospérité économique. A Sfax, on agrandit la mosquée qui retrouve son étendue originelle; le nouveau mihrâb est daté de 1758, les travaux étaient terminés en 1783.

*Les remparts sont restaurés et l’on construit deux grands réservoirs pour suppléer aux citernes de la Nasriah. En 1776, on édifie le faubourg sud de la ville, le quartier franc, réservé aux juifs et aux chrétiens, haut lieu du commerce maritime, mais qui devait aussi servir de tampon contre les attaques par mer toujours à craindre. L’éventualité ne tarda pas à se produire, les Vénitiens bombardant Sfax à quatre reprises en l’espace de deux ans (1785-86). On construisit pendant le siège un grand fort qui flanquait Borj Ennar; il fut démoli après la dernière guerre.

*Vers 1830, on entoure le quartier franc d’une muraille et en 1860 la ville est dotée d’un bureau des postes et des télégraphes. En 1876, l’employé des télégraphes fait un plan de l’agglomération et nous parle d’une tour de signalisation construite un siècle plus tôt et dont on a perdu la trace.

*Au cours des deux derniers siècles, la ville s’est entourée d’une banlieue de jardins, dans lesquels on trouve des constructions (borj) extrêmement typiques, à un étage.

*Ce sont de véritables tours carrées dont la haute silhouette domine les jardins. Elles servaient de seconde résidence aux citadins pendant les mois d’été, quand la chaleur rend la vie difficile en médina: c’est une habitude encore très courante aujourd’hui.

Le protectorat français

*Avec l’installation du protectorat français en 1881, plusieurs villes de Tunisie choisissent la voie de la résistance. Parmi ces villes, Sfax, dont les habitants continuent à protester et à se défendre, même plus de deux mois après la signature du traité du Bardo.

Tandis qu’Ali Ben Khelifa El Naffati dirige l’armée pour défendre la ville de l’extérieur, les habitants combattent de l’intérieur sous la direction de Mohammad Kammoun. Ce n’est que le  que les soldats français arrivent à vaincre les protestants et entrent dans la médina pour s’y installer pour une durée de 75 ans. Ils font de la kasbah leur siège et utilisent le patio de la grande mosquée comme écurie pour leurs chevaux.

Progressivement, la médina perd son rôle au détriment d’une nouvelle ville européenne construite par les Français et qui devient le centre de toutes les transactions et même d’une grande partie de l’économie locale.

* Le 17 février 2012, le gouvernement tunisien propose la médina pour un futur classement sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

* Le 9 décembre 2019, la médina de Sfax est inscrite sur la liste définitive du patrimoine de l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture.

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